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Le Son du Post-Cool

L'esprit post-cool dans la musique est difficile à capturer, car il s'agit d'un détachement complet des attentes, des tendances, et des normes, avec une attitude marquée par l'indifférence et l'authenticité involontaire. Voici quelques groupes et artistes qui, par leur approche musicale, leur carrière, et leur comportement, incarnent cet état d'esprit post-cool :

1. The Velvet Underground

  • Pourquoi post-cool ?
    The Velvet Underground, surtout sous la direction de Lou Reed, incarne une sorte de nonchalance iconique. Leur musique n'a jamais cherché à être commerciale ou à plaire au plus grand nombre. Ils ont fait des morceaux brutaux, lo-fi, parfois inconfortables, sans effort apparent pour séduire. C'était une forme de rock sans compromis, où l’important n’était pas d’être cool, mais de capturer la réalité, même si elle était dérangeante ou chaotique.
  • Attitude indifférente : Le groupe ne s'intéressait pas aux normes du succès traditionnel. Leur approche anti-glamour, leur indifférence face à la popularité, et leur adoption d'un son brut et expérimental ont fait d'eux des pionniers du post-cool. Ils jouaient pour ceux qui voulaient écouter, mais sans chercher l'approbation.

2. Pavement

  • Pourquoi post-cool ?
    Pavement est souvent qualifié de groupe emblématique du mouvement indie rock des années 90, mais c'est surtout leur attitude désinvolte et bricolée qui leur donne un statut post-cool. Leur musique semble parfois inachevée, leurs performances étaient souvent irrégulières, et ils ne se souciaient pas d’être parfaits.
  • Absence d'effort pour être hype : Pavement ne cherchait pas à plaire aux masses, mais simplement à être eux-mêmes, même si cela impliquait des enregistrements parfois volontairement mal mixés ou des paroles absurdes. Leur musique ne cherche pas à être sophistiquée ou impeccable, elle est brute et désordonnée, ce qui en fait un exemple parfait de post-cool.

3. The Stooges (Iggy Pop)

  • Pourquoi post-cool ?
    The Stooges, mené par Iggy Pop, est un groupe qui incarne le chaos et la liberté brute. Iggy Pop ne s’est jamais préoccupé d’être apprécié ou validé ; ses performances étaient sauvages, parfois destructrices, mais sans intention consciente d’être "cool". Son charisme vient d'une attitude de détachement face aux conventions du rock et de l'industrie musicale.
  • Un rejet de la recherche de perfection : L'esprit punk des Stooges est un rejet direct des attentes, sans se soucier de l’image ou de l’esthétique traditionnelle de la réussite musicale. Iggy Pop lui-même a continué sa carrière en faisant ce qu’il voulait, sans se conformer aux attentes de ce qu'un "rock star" devrait être, ce qui en fait un symbole du post-cool.

4. Bon Iver (Phase Lo-fi, Isolation)

  • Pourquoi post-cool ?
    Bon Iver, notamment à ses débuts, avec l'album For Emma, Forever Ago, représente une sorte de retour à l’essentiel. L’album a été enregistré dans une cabane, en isolement, avec une qualité lo-fi volontaire, qui a capté quelque chose d’authentique sans artifice.
  • L'attitude post-cool : Il y a dans cette démarche une absence de préoccupation quant à la perfection de la production ou à l’idée de créer un hit. Bon Iver a créé quelque chose pour lui-même, sans effort intentionnel pour faire partie d’un courant. C’est cette absence de calcul qui en fait une démarche post-cool.

5. Mac DeMarco

  • Pourquoi post-cool ?
    Mac DeMarco est souvent qualifié de "slacker rock", un genre qui semble parfaitement représenter l'esprit post-cool. Sa musique est décontractée, parfois même légèrement bâclée, mais c’est précisément ce qui fait sa force. Il n'y a pas d'effort excessif pour paraître ou impressionner, juste une envie de s'amuser et de rester léger.
  • Indifférence aux tendances : Son attitude sur scène, ses interviews, et même son style de vie reflètent une indifférence tranquille aux attentes et une absence de souci pour la célébrité. Il ne cherche pas à faire une déclaration profonde ou à impressionner, il est simplement lui-même, et c’est ce détachement qui le rend post-cool.

6. The Brian Jonestown Massacre

  • Pourquoi post-cool ?
    The Brian Jonestown Massacre et son leader Anton Newcombe sont souvent décrits comme étant en marge de l'industrie musicale. Leur attitude rebelle face aux normes de l'industrie, leur refus d'adhérer aux attentes de succès commercial, et leurs performances parfois chaotiques en font des incarnations de la coolitude sans effort intentionnel.
  • Absence de compromis : Le groupe est connu pour ses conflits internes, ses expérimentations sonores qui ignorent les formats traditionnels, et un rejet clair des compromis qui rendent un artiste "vendable". Cette nonchalance face au succès, voire un rejet de celui-ci, les place dans l'esprit post-cool.

7. Arthur Russell

  • Pourquoi post-cool ?
    Arthur Russell était un musicien qui a travaillé dans l’ombre, combinant des genres sans jamais chercher la reconnaissance de masse. Son approche était souvent personnelle et expérimentale, sans se soucier de la commercialisation ou de la validation du grand public.
  • Expérimentations sans souci de reconnaissance : Russell créait de la musique pour le plaisir de la création elle-même, souvent inachevée ou délibérément lo-fi. Sa musique semble être un pur exercice de liberté, sans préoccupation de ce que les autres pourraient en penser.

Conclusion : L'Esprit Post-Cool en Musique

Les groupes ou artistes post-cool ont en commun une indifférence totale aux attentes de l’industrie, du public, et même parfois de leurs propres fans. Ils créent sans souci de validation ou de succès commercial, et leur musique est souvent brute, imparfaite, et détachée des standards esthétiques du moment.

Le post-cool en musique, c’est cette liberté qui va au-delà de la quête d’authenticité ou de la volonté d’être différent : c’est une absence totale de calcul. La musique n'est ni destinée à plaire ni à repousser, elle est simplement là, existant pour elle-même, peu importe la réaction. Ces artistes incarnent cette idée en créant quelque chose de véritablement détaché et spontané, qui échappe à toute définition rigide de la coolitude.