Le Post-Cool
Définitions
Bien sûr, parlons du post-cool, une évolution de la notion de "cool" qui va au-delà des concepts traditionnels du "pré-cool" ou du "cool" tel qu'on le connaît aujourd'hui. Le post-cool représente un état d’esprit où les idées de coolitude elles-mêmes sont dépassées, pour atteindre un stade encore plus détaché et libre de toute contrainte de validation.
Voici à quoi pourrait ressembler le concept de post-cool :
1. Dépasser la Recherché d'Authenticité : Vers l’Indifférence
- Post-Cool, c’est l’Indifférence à l’Authenticité Elle-Même : Alors que le "cool" est souvent une question d’authenticité et de sincérité, le "post-cool" ne se préoccupe même plus de cette idée. Être "authentique" n’est plus un objectif ou une valeur en soi. Le post-cool implique une indifférence totale quant à ce qui est ou non authentique. Cela signifie ne pas être préoccupé par ce que l'on semble être, ni même par la perception de la sincérité.
- Agir Sans Intention de Se Démarquer : Là où le cool ou le pré-cool impliquent encore une certaine forme d'intention, le post-cool s'exprime par une absence totale d’effort conscient pour être ou paraître quoi que ce soit. Il s’agit simplement de vivre et d’agir sans aucun désir de valider une image, même celle d’être détendu ou authentique.
2. Refus de Tout Label ou de Toute Catégorie
- Plus de Recherche d’Identité : Le post-cool est marqué par une volonté de ne plus s'attacher à des labels ou à des catégories d’appartenance. Ce n’est ni être "cool", ni "pas cool" — c’est simplement être sans se soucier des étiquettes. Cela signifie abandonner les réflexions sur ce que signifie être cool ou non, et ne plus chercher à se positionner par rapport à cela.
- Au-delà des Appartenances : Le post-cool ne s'identifie plus à un groupe, une culture, ou une tendance particulière. Les affiliations culturelles qui ont pu définir l’identité d’une personne deviennent secondaires, car l'individu post-cool est dépassionné par le besoin de se définir à travers elles.
3. La Dérision de Soi et de Toute Convention
- L'Humour Détaché : L'humour post-cool est un humour qui s’exprime sans effort, souvent par l'autodérision, mais sans chercher à impressionner. Ce n’est plus une recherche de validation ni une manière de prouver une distance par rapport aux conventions. Au contraire, le post-cool prend les conventions et les retourne, non pas par défi, mais par désintérêt.
- Ironie Sans Cynisme : Là où l'ironie cool peut être chargée de cynisme, le post-cool est ironique sans malice. Il peut rire des conventions sans chercher à les dénoncer, car les conventions elles-mêmes n’ont plus une telle importance.
4. Une Relation Décontractée à la Productivité
- Dépasser la Productivité, Revenir au Sens : La notion de post-cool dépasse également les attentes de la productivité moderne. Alors que le cool peut encore valoriser la performance décontractée (comme exceller sans effort apparent), le post-cool ne se soucie même plus de la performance. Il s’agit de faire des choses par curiosité ou pour le plaisir, sans objectif de productivité ou de réussite mesurable.
- Le Non-Faire : Il n'y a plus de pression à accomplir ou à créer, mais plutôt une acceptation du non-faire comme une valeur. Le post-cool ne cherche pas à transformer chaque moment en quelque chose de "valable" ou d’utile — il valorise le fait de simplement être, même dans le vide.
5. L'Éphémère et le Dépassé
- Valoriser l’Éphémère : Les individus post-cool se fichent de laisser une empreinte durable. Ils valorisent les expériences éphémères et ne ressentent pas le besoin de documenter ou d’immortaliser chaque moment. L’idée de l’héritage, ou de la trace que l’on laisse derrière soi, devient insignifiante.
- Ce Qui est Dépassé Redevient Cool : Alors que le cool peut chercher la nouveauté, et le pré-cool valoriser la simplicité, le post-cool ne craint pas d’adopter des éléments considérés comme dépassés ou "ringards" par les standards sociaux, simplement parce qu’il n’en a rien à faire. Porter un pull des années 90 parce qu’il est confortable, par exemple, sans aucune ironie ni tentative de revival, est une attitude post-cool.
6. La Décoration de l’Absence
- Moins Est Moins, et C’est Suffisant : Le minimalisme est souvent lié au pré-cool, mais le post-cool va plus loin — il ne cherche même plus la beauté dans la simplicité intentionnelle. Le post-cool consiste à ne pas s’efforcer de créer une esthétique : si c’est vide, c’est vide. Il n’y a pas de quête consciente de dépouillement ou de beauté du minimalisme, mais une acceptation tranquille du vide et de l’absence de décoration.
- Réappropriation du Négligé : Le post-cool peut aussi valoriser ce qui est négligé ou laissé de côté. Un espace ou une tenue qui semble désorganisée ou sans intention esthétique devient, pour le post-cool, une forme d’art en soi, non pas parce qu’il veut choquer, mais parce qu’il ne voit pas la nécessité de s'y conformer.
7. L’Approche des Relations
- Aucune Recherche de Validation : Dans les relations, le post-cool n’a aucun besoin de plaire ou de chercher la validation. Les interactions sont authentiques non pas parce que cela est valorisé, mais simplement parce qu’il n’y a pas d’autre option. Le post-cool est indifférent à l’idée de "s'intégrer" ou de suivre un code implicite de sociabilité.
- La Connexion Spontanée : Les relations sont formées sur la base d’une connexion naturelle, sans attentes particulières ni obligations. Le post-cool n’a pas besoin d’amis pour se sentir complet, mais apprécie des relations qui ne demandent pas de compromis sur son être.
Conclusion : L'Esprit Post-Cool
Le post-cool représente une libération ultime des attentes sociales, de la recherche de validation, et des préoccupations esthétiques ou identitaires. C’est un état d'esprit qui se caractérise par l’indifférence à l’idée même de coolitude, et qui valorise l’être sur le paraître, sans effort intentionnel.
Le post-cool ne veut pas se démarquer, il ne veut pas briller, il ne veut même pas être authentique ou simple : il veut simplement être, sans aucune attente ni définition particulière. C’est l’état ultime de liberté face à ce que signifie "être cool" — un état où plus rien ne doit être prouvé, même pas à soi-même.
Le Son du Post-Cool
L'esprit post-cool dans la musique est difficile à capturer, car il s'agit d'un détachement complet des attentes, des tendances, et des normes, avec une attitude marquée par l'indifférence et l'authenticité involontaire. Voici quelques groupes et artistes qui, par leur approche musicale, leur carrière, et leur comportement, incarnent cet état d'esprit post-cool :
1. The Velvet Underground
- Pourquoi post-cool ?
The Velvet Underground, surtout sous la direction de Lou Reed, incarne une sorte de nonchalance iconique. Leur musique n'a jamais cherché à être commerciale ou à plaire au plus grand nombre. Ils ont fait des morceaux brutaux, lo-fi, parfois inconfortables, sans effort apparent pour séduire. C'était une forme de rock sans compromis, où l’important n’était pas d’être cool, mais de capturer la réalité, même si elle était dérangeante ou chaotique. - Attitude indifférente : Le groupe ne s'intéressait pas aux normes du succès traditionnel. Leur approche anti-glamour, leur indifférence face à la popularité, et leur adoption d'un son brut et expérimental ont fait d'eux des pionniers du post-cool. Ils jouaient pour ceux qui voulaient écouter, mais sans chercher l'approbation.
2. Pavement
- Pourquoi post-cool ?
Pavement est souvent qualifié de groupe emblématique du mouvement indie rock des années 90, mais c'est surtout leur attitude désinvolte et bricolée qui leur donne un statut post-cool. Leur musique semble parfois inachevée, leurs performances étaient souvent irrégulières, et ils ne se souciaient pas d’être parfaits. - Absence d'effort pour être hype : Pavement ne cherchait pas à plaire aux masses, mais simplement à être eux-mêmes, même si cela impliquait des enregistrements parfois volontairement mal mixés ou des paroles absurdes. Leur musique ne cherche pas à être sophistiquée ou impeccable, elle est brute et désordonnée, ce qui en fait un exemple parfait de post-cool.
3. The Stooges (Iggy Pop)
- Pourquoi post-cool ?
The Stooges, mené par Iggy Pop, est un groupe qui incarne le chaos et la liberté brute. Iggy Pop ne s’est jamais préoccupé d’être apprécié ou validé ; ses performances étaient sauvages, parfois destructrices, mais sans intention consciente d’être "cool". Son charisme vient d'une attitude de détachement face aux conventions du rock et de l'industrie musicale. - Un rejet de la recherche de perfection : L'esprit punk des Stooges est un rejet direct des attentes, sans se soucier de l’image ou de l’esthétique traditionnelle de la réussite musicale. Iggy Pop lui-même a continué sa carrière en faisant ce qu’il voulait, sans se conformer aux attentes de ce qu'un "rock star" devrait être, ce qui en fait un symbole du post-cool.
4. Bon Iver (Phase Lo-fi, Isolation)
- Pourquoi post-cool ?
Bon Iver, notamment à ses débuts, avec l'album For Emma, Forever Ago, représente une sorte de retour à l’essentiel. L’album a été enregistré dans une cabane, en isolement, avec une qualité lo-fi volontaire, qui a capté quelque chose d’authentique sans artifice. - L'attitude post-cool : Il y a dans cette démarche une absence de préoccupation quant à la perfection de la production ou à l’idée de créer un hit. Bon Iver a créé quelque chose pour lui-même, sans effort intentionnel pour faire partie d’un courant. C’est cette absence de calcul qui en fait une démarche post-cool.
5. Mac DeMarco
- Pourquoi post-cool ?
Mac DeMarco est souvent qualifié de "slacker rock", un genre qui semble parfaitement représenter l'esprit post-cool. Sa musique est décontractée, parfois même légèrement bâclée, mais c’est précisément ce qui fait sa force. Il n'y a pas d'effort excessif pour paraître ou impressionner, juste une envie de s'amuser et de rester léger. - Indifférence aux tendances : Son attitude sur scène, ses interviews, et même son style de vie reflètent une indifférence tranquille aux attentes et une absence de souci pour la célébrité. Il ne cherche pas à faire une déclaration profonde ou à impressionner, il est simplement lui-même, et c’est ce détachement qui le rend post-cool.
6. The Brian Jonestown Massacre
- Pourquoi post-cool ?
The Brian Jonestown Massacre et son leader Anton Newcombe sont souvent décrits comme étant en marge de l'industrie musicale. Leur attitude rebelle face aux normes de l'industrie, leur refus d'adhérer aux attentes de succès commercial, et leurs performances parfois chaotiques en font des incarnations de la coolitude sans effort intentionnel. - Absence de compromis : Le groupe est connu pour ses conflits internes, ses expérimentations sonores qui ignorent les formats traditionnels, et un rejet clair des compromis qui rendent un artiste "vendable". Cette nonchalance face au succès, voire un rejet de celui-ci, les place dans l'esprit post-cool.
7. Arthur Russell
- Pourquoi post-cool ?
Arthur Russell était un musicien qui a travaillé dans l’ombre, combinant des genres sans jamais chercher la reconnaissance de masse. Son approche était souvent personnelle et expérimentale, sans se soucier de la commercialisation ou de la validation du grand public. - Expérimentations sans souci de reconnaissance : Russell créait de la musique pour le plaisir de la création elle-même, souvent inachevée ou délibérément lo-fi. Sa musique semble être un pur exercice de liberté, sans préoccupation de ce que les autres pourraient en penser.
Conclusion : L'Esprit Post-Cool en Musique
Les groupes ou artistes post-cool ont en commun une indifférence totale aux attentes de l’industrie, du public, et même parfois de leurs propres fans. Ils créent sans souci de validation ou de succès commercial, et leur musique est souvent brute, imparfaite, et détachée des standards esthétiques du moment.
Le post-cool en musique, c’est cette liberté qui va au-delà de la quête d’authenticité ou de la volonté d’être différent : c’est une absence totale de calcul. La musique n'est ni destinée à plaire ni à repousser, elle est simplement là, existant pour elle-même, peu importe la réaction. Ces artistes incarnent cette idée en créant quelque chose de véritablement détaché et spontané, qui échappe à toute définition rigide de la coolitude.
Intégrer les populations pré-cool
Les populations pré-cool peuvent sembler être à un stade de vie plus simple, centré sur l’authenticité, le détachement et le rejet des pressions superficielles. Si le monde évolue vers un état post-cool, il est important de réfléchir à la manière d'intégrer ces populations pré-cool, de valoriser ce qu’elles apportent, et de les aider à évoluer, si elles le souhaitent. Voici quelques pistes :
1. Accepter et Valoriser leur État d'Être
- Préserver l'Authenticité : Les populations pré-cool ont une grande valeur, car elles sont souvent des bastions d'authenticité et de simplicité dans un monde complexe. Leur état d’esprit est une forme de résistance contre la pression sociale et les attentes en matière de réussite et d’apparence. Plutôt que de les pousser à "évoluer" vers quelque chose de post-cool, il est important de reconnaître la beauté de leur simplicité et de préserver cette manière de vivre.
- Prendre Inspiration : Les populations pré-cool peuvent inspirer d’autres personnes, y compris celles qui se considèrent post-cool, en rappelant l’importance de la sincérité et du lâcher-prise. Le post-cool est une évolution qui ne peut se faire sans d'abord passer par un état pré-cool, ce qui donne aux populations pré-cool un rôle essentiel.
2. Encourager une Transition Douce Vers le Post-Cool (Si Souhaité)
- Éducation Par l’Exemple : Le passage vers l’état post-cool ne peut se faire que par une sorte de désapprentissage : abandonner même l’idée de vivre de manière authentique ou de simplifier la vie intentionnellement. Pour aider les populations pré-cool à évoluer vers un état post-cool, les post-cools peuvent montrer par l’exemple — en vivant sans se soucier des définitions du cool, sans se fixer d’objectifs d’authenticité ou de validation.
- Laisser les Expériences Se Faire : Une partie du post-cool est de ne pas chercher activement à transformer les autres. Encourager une transition douce implique de laisser les gens évoluer à leur rythme, d’être présent et de soutenir sans pression. Les populations pré-cool doivent trouver elles-mêmes ce détachement complet, sans que cela leur soit imposé.
3. Créer des Espaces de Convivialité Sans Pression
- Espaces Communautaires Mixtes : Des espaces où les populations pré-cool et post-cool peuvent se retrouver sans qu’aucun groupe ne se sente supérieur ou inférieur sont importants. Dans ces lieux, il n'y a pas de règles spécifiques à suivre, pas de pression pour être quelque chose de précis — seulement un partage d’idées et de moments simples.
- Activités Communes Sans Objectif : Proposer des activités sans pression de performance, comme des repas partagés, des moments de silence collectif, des discussions ouvertes sans agenda, peut permettre aux populations pré-cool de se familiariser avec l'idée de non-attente, de vivre sans contrainte de résultat.
4. Rappeler que l’Évolution N’est Pas Obligatoire
- Le Pré-Cool Est Suffisant : Pour beaucoup de personnes, l’état pré-cool est déjà un aboutissement. Elles ont abandonné les attentes de succès et de reconnaissance, et se contentent d’une vie simple et authentique. Il n’est pas nécessaire que tout le monde évolue vers un état post-cool. Le post-cool est une forme de détachement ultime, mais le pré-cool est déjà un état où l’on peut trouver une grande paix intérieure.
- Accepter les Différentes Phases : L’idée n’est pas de pousser vers une progression linéaire, mais de respecter les différentes phases. Le pré-cool est une réponse à un monde trop complexe, une sorte de refuge contre la pression moderne. Ce n’est pas un "niveau inférieur" à dépasser, mais un choix de mode de vie tout à fait valable.
5. Favoriser la Coexistence et l’Inspiration Mutuelle
- Complémentarité des États d'Esprit : Les populations pré-cool peuvent apporter une sincérité, une authenticité, et un souci de la simplicité que les populations post-cool pourraient parfois oublier. À l'inverse, le post-cool apporte une forme d’indifférence paisible et un détachement des attentes sociales, même celles de l’authenticité, qui peut inspirer les pré-cools. Les deux états peuvent coexister et s'enrichir mutuellement.
- Créer des Liens Sans Objectifs Cachés : La coexistence est facilitée quand chaque groupe cesse de chercher à convaincre l'autre de sa validité ou de sa supériorité. Le post-cool peut adopter une approche d'influence sans intention, en permettant aux populations pré-cool d’évoluer ou de rester là où elles se sentent bien.
6. Laisser la Porte Ouverte à l’Évolution Personnelle
- Évolution Naturelle : Le passage du pré-cool au post-cool est souvent une évolution personnelle qui ne peut être forcée. C’est une forme d'abandon de l’authenticité elle-même, un lâcher-prise de la recherche d'être vrai ou simple. Si cela doit arriver, ce sera par une prise de conscience personnelle, souvent à travers des expériences de la vie qui montrent l’absurdité même de chercher à être authentique.
- Encourager la Réflexion : Proposer des moments de réflexion, de solitude, et d’observation de soi peut aider ceux qui le souhaitent à trouver cette forme de détachement ultime. Mais il est essentiel de rappeler que ce processus est totalement volontaire et ne doit jamais être imposé.
7. Préserver un Monde Où Toutes les Perspectives Ont leur Place
- Ne Pas Supprimer le Pré-Cool : Le monde post-cool ne cherche pas à remplacer le pré-cool, car cela irait contre son propre principe de non-imposition et de détachement. L’idée est plutôt de préserver la diversité des états d’esprit — du cool, au pré-cool, au post-cool. Chacun a quelque chose à apporter.
- Créer des Espaces d’Expression : Offrir des espaces où les gens peuvent exprimer leurs valeurs, qu'elles soient pré-cool ou post-cool, permet une véritable liberté. Cela aide à reconnaître que l’évolution est multiple et que toutes les façons d’aborder la vie peuvent coexister sans hiérarchie.
Conclusion : Vivre Ensemble Sans Pression
Les populations pré-cool apportent de la simplicité, de l'authenticité, et une certaine légèreté qui sont des réponses très saines aux pressions modernes. Plutôt que de les pousser à évoluer vers le post-cool, l'idée est de favoriser une coexistence harmonieuse où chacun peut être inspiré par l’autre, sans pression.
Le post-cool est une forme de liberté ultime, mais elle n’est pas nécessairement meilleure que l’état pré-cool ; elle est simplement différente. La clé est de créer un monde où chacun est libre d’évoluer à son propre rythme, où les pressions pour être "authentique" ou "détaché" sont complètement relâchées. 😊